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Les chercheurs d’Occitanie dans la course contre le Covid-19

Les chercheurs, scientifiques et ingénieurs d’Occitanie se mobilisent rapidement et tous azimuts, à Montpellier comme à Toulouse, sur les tests, les traitements et la connaissance du coronavirus Covid-19.

Un test de dépistage fiable et rapide

Crédits : SkillCell

Valider un test simple et rapide de dépistage du Covid-19, c’est l’ambition des chercheurs montpelliérains du consortium Easycov. Celui-ci rassemble le laboratoire Sys2Diag (associant le Cnrs et le groupe privé Alcen), le CHU de Montpellier, SkillCell (Alcen) et l’entreprise montpelliéraine Vogo (qui développe l’application mobile pour faciliter la lecture du résultat du test). Performant en laboratoire, le test salivaire de Sys2Diag est soumis jusqu’à fin avril à un essai clinique au CHU de Montpellier. S’il est validé, il sera produit en masse dès mai, d’abord pour les soignants. "Nous avons déjà sécurisé la future production. Il faut aller très vite. Nous pouvons aussi prendre ce risque parce que la Région nous soutient", affirme Franck Molina, directeur de Sys2Diag.

Les CHU mobilisés par les études

À l’image d’Easycov, les chercheurs d’Occitanie sont sur le pont. "Le personnel de recherche et les techniciens de laboratoires ont été mis à disposition des essais cliniques. Il y a une forte collaboration des équipes autour de 4 études thérapeutiques", souligne Emilie Barde, directrice de la Recherche et de l’Innovation du CHU de Montpellier. L’hôpital participe à deux études sur le Remdesivir et a inclus 16 patients dans l’étude européenne Discovery (cinq traitements). Le CHU coordonne également le test Covidoc (bithérapie hydroxychloroquine + azithromycine) sur des patients hospitalisés, qui implique 7 hôpitaux de l’est de l’Occitanie. "Une quinzaine d’autres projets pourraient démarrer s’ils sont financés", ajoute Emilie Barde. De son côté, le CHU de Toulouse se mobilise dans la recherche thérapeutique pour identifier des marqueurs biologiques susceptibles de prédire l’évolution de la maladie chez les patients hospitalisés.

Des laboratoires cherchent à mieux connaître et neutraliser le virus

Crédits : IRIM

D’autres chercheurs se mobilisent sur la connaissance du coronavirus, tels les laboratoires IRIM et Cemipai communs au Cnrs et à l’Université de Montpellier. L’Institut de recherche en infectiologie de Montpellier (IRIM) planche sur les défenses naturelles des cellules contre les virus. "Avant le confinement, nous avons décidé de nous intéresser à ce nouveau coronavirus, car il infecte les mêmes cibles cellulaires que le virus de la grippe et les outils à développer pour lutter contre lui sont similaires", résume la virologue Caroline Goujon. L’Institut a reçu mi-mars des souches de Sars-Cov2 de l’Institut Pasteur, pour développer un stock de cellules modèles utilisées pour tester des molécules. "L’objectif est d’identifier des inhibiteurs pertinents du coronavirus SARS-COV2 à partir de molécules déjà utilisées chez l’homme, ou en essai clinique, afin d’accélérer fortement le développement d’un médicament." Autre objectif : découvrir d’ici 3 à 6 mois les gênes empêchant la multiplication du virus afin d’ouvrir la voie, à plus long terme, à des stratégies thérapeutiques. Deux autres équipes IRIM sont sur place pour des projets Covid-19.

Le Centre d’études des maladies infectieuses et pharmacologie anti-infectieuse (Cemipai), qui possède un laboratoire de sécurité de niveau 3 pour des agents pathogènes, travaille sur les moyens d’inactiver le virus, notamment en vue de créer un vaccin. Six de ses ingénieurs se consacrent aujourd’hui au Covid-19.

Les compétences des ingénieurs du Centre national d’études spatiales (Cnes) de Toulouse sont aussi mises à contribution : pour pallier le manque de respirateurs dans des services de réanimation, une petite équipe a mis au point un « diviseur de flux ». Ce tube de polymère plastique en forme de Y, doit permettre de relier deux à trois patients à un même respirateur.

Les scientifiques unissent leurs forces

Face à l’urgence, les chercheurs s’organisent pour booster leur efficacité. À Montpellier, le "Pôle de Biologie santé" et ses 27 unités de recherche a notamment inventorié tout le matériel et machines susceptibles de faire les tests à grande échelle, et des personnels volontaires. À Toulouse, des membres du Centre de recherche sur la cognition animale du Cnrs ont lancé un mouvement d’ampleur avec des confrères allemand et espagnol : la plateforme participative "Crowdfight Covid-19". Elle relie les scientifiques du monde entier désireux de se mettre au service des recherches sur le coronavirus. Lancée le 18 mars, elle recense plus de 40 000 volontaires trois semaines plus tard.