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L’artiste Josep Bartoli à l’honneur au Mémorial de Rivesaltes

Lieu de mémoires, le Mémorial de Rivesaltes accueille aussi des expositions temporaires pour témoigner de son histoire. À partir du 23 septembre, il met à l’honneur l’artiste et combattant antifranquiste Josep Bartoli, à travers l’exposition « Les couleurs de l’exil ».

Le Mémorial du Camp de Rivesaltes met à l'honneur l'œuvre de Josep Bartoli à travers l'exposition "les couleurs de l'exil"
Le Mémorial du Camp de Rivesaltes met à l’honneur l’œuvre de Josep Bartoli à travers l’exposition "les couleurs de l’exil"
Crédits : Josep Bartoli "Silenci", 1982 - Crédit photo : Jordi Canyameres

Coup de projecteur sur une exposition exceptionnelle ! Du 23 septembre 2021 au 19 septembre 2022, le Mémorial du Camp de Rivesaltes présente une sélection de plus de 150 œuvres du dessinateur et caricaturiste Josep Bartoli [1]. Intitulée « les couleurs de l’exil », l’exposition met en perspective des réalisations majeures de l’artiste, marqué par l’exil, ses engagements, et ses combats. Cette exposition fait suite à la sortie en salles en 2020 du film d’animation césarisé « Josep », consacré au parcours de l’artiste et combattant antifranquiste. Réalisé par le dessinateur Aurel, il a été soutenu par la Région et le Mémorial du Camp de Rivesaltes.

Défenseur de la République, Josep Bartoli a consacré sa carrière d’artiste et de dessinateur de presse à dénoncer la violence, le racisme, les inégalités et les injustices, rappelle Carole Delga. Cette exposition est une très belle occasion de rappeler ces combats et d’y sensibiliser chacun, jeunes comme adultes.

Crédits : Josep Bartoli "Bum bum" - Crédit photo : Jordi Canyameres

Pour Josep Bartoli, « dessiner était une nécessité, son œuvre de résistance ». Ses croquis en noir et blanc sont le témoignage poignant de ce qu’il a vécu lors de la Retirada (période d’exode des réfugiés espagnols fuyant le régime du général Franco) et de son internement dans les camps du sud de la France. La première partie de l’exposition présente ses dessins de la guerre et des camps, au crayon, sans une once de couleur. Réalisés in situ, ils seront à l’origine d’un nouveau genre artistique : le reportage graphique. Un carnet de dessins provenant de la collection privée de Manel Canyameres sera présenté à cette occasion.

Crédits : Josep Bartoli "Motel amb 30 cambres", 1970 - Crédit photo : Jordi Canyameres

La couleur et la peinture font leur apparition dans les œuvres de Josep Bartoli à partir de 1952 et font l’objet de la seconde partie de l’exposition qui lui est consacrée. Divers thèmes de société sont abordés : la tauromachie, la culture de masse, les violences raciales, la guerre et la faim… Il a notamment représenté la femme pour dénoncer le machisme ambiant dans la société américaine de l’époque et l’exploitation du corps féminin. Durant cette période, Josep Bartoli oscille entre abstraction et figuration.

La dernière partie de l’exposition « les couleurs de l’exil » propose une présentation plus intime de l’artiste, à travers une sélection de photographies de famille et d’extraits vidéo.

Josep Bartoli, une vie d’exil

Crédits : Josep Bartoli, 1974 - Crédit photo Collection Bartoli D.R.

Né en 1910 à Barcelone, Josep Bartoli est un dessinateur et caricaturiste. Fervent défenseur de la République, il est interné durant la guerre d’Espagne dans les camps du sud de la France, dont ceux de Saint-Cyprien (66) et Bram (11). Après un long périple et l’évasion d’un train qui le conduisait à Dachau, l’artiste catalan parvient au Mexique, pays qui lui offre l’asile et lui permet de côtoyer des artistes tels que Diego Rivera et Frida Kahlo. Il publie son ouvrage Campos de concentración 1939-194…, témoignage iconographique de sa vie dans les camps. Josep Bartoli s’installe ensuite à New York. Il y rencontre Rothko, Pollock, Kline et dessine dans des revues de presse américaines. Les questions politiques et sociales resteront au centre de son œuvre, jusqu’à la fin de sa vie.

[1C’est grâce au neveu de Josep, Georges Bartoli, que Bernice Bromberg, la veuve de l’artiste, a annoncé en 2020 la donation d’environ 250 œuvres de Josep Bartoli au Mémorial du Camp de Rivesaltes. L’exposition « les couleurs de l’exil » s’est ensuite enrichie grâce au prêt des Archives municipales de Barcelone, de la Généralité de Catalogne, du Centre culturel de Terrassa et de Manel Canyameres et Joëlle Lemmens, collectionneurs privés.