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Josep : un devoir de mémoire en héritage

Après plusieurs mois de fermeture, les salles de cinéma rouvrent leurs portes. Parmi les films à découvrir, « Josep », signé du dessinateur montpelliérain Aurel, et inspiré du travail du photographe Georges Bartoli. La Région a soutenu ce film, primé lors du dernier festival de Cannes.

Le film d'animation Josep a remporté plusieurs prix, dont le César du « meilleur film d'animation » au festival de Cannes
Le film d’animation Josep a remporté plusieurs prix, dont le César du « meilleur film d’animation » au festival de Cannes

La réouverture des lieux de culture et des cinémas est très attendue par les professionnels et par le public. Sorti en septembre 2020, « Josep » bénéficie dès aujourd’hui d’une nouvelle diffusion dans les salles obscures. Inspiré par les carnets du photographe Georges Bartoli, le dessinateur héraultais Aurel évoque l’histoire de son oncle, Josep, artiste engagé contre le régime de Franco, et interné dans les camps français. La Région a soutenu la réalisation du film et accueillera une exposition consacrée aux œuvres de Josep Bartoli au Mémorial du Camp de Rivesaltes.

Georges Bartoli a obtenu le prix Vendémiaire des Vendanges littéraires pour La Retirada, publié en 2009
Georges Bartoli a obtenu le prix Vendémiaire des Vendanges littéraires pour La Retirada, publié en 2009

Neveu de l’artiste et combattant antifranquiste Josep Bartoli, Georges Bartoli a fait du témoignage de son oncle un devoir de mémoire. Interné à partir de 1939 dans plusieurs camps d’Occitanie (Argelès, Saint Cyprien, Le Barcarès, Agde et Bram), Josep Bartoli y a vécu une histoire hors norme, et pourtant banale, comme le raconte le film d’animation d’Aurel. L’artiste catalan parviendra à s’échapper des camps pour se réfugier au Mexique, avant de s’installer à New-York jusqu’à sa mort en 1995.

Georges Bartoli ne connaîtra son « oncle d’Amérique » qu’à l’âge de 14 ans. Sa famille ne parlait pas de la guerre d’Espagne et des camps durant son enfance. « On parlait de la vie d’avant et de celle qu’on aurait après, lorsqu’on rentrerait chez nous, en Catalogne » précise-t-il. Héritier du dernier exemplaire de l’édition originale de « Campos de concentration » de Josep, Georges Bartoli se veut plus qu’un rapporteur de son œuvre : « ce qui m’importe c’est de témoigner de l’impact de la Retirada sur les enfants et les petits enfants de cet exil forcé et douloureux ». Il a publié en 2009 un recueil intitulé « La Retirada », avec des dessins de Josep et ses propres photos. Ce regard croisé sur leur histoire commune a nourri le projet de film d’animation d’Aurel.

Le Mémorial du Camp de Rivesaltes met à l'honneur l'œuvre de Josep Bartoli à travers l'exposition "les couleurs de l'exil"
Le Mémorial du Camp de Rivesaltes met à l’honneur l’œuvre de Josep Bartoli à travers l’exposition "les couleurs de l’exil"
Crédits : Crédits : Josep Bartoli "Silenci", 1982 - Crédit photo : Jordi Canyameres

Georges Bartoli a travaillé à la préparation d’une exposition consacrée au travail artistique de son oncle au Mémorial du Camp de Rivesaltes. Les œuvres léguées par la famille compilent dessins et peintures réalisées après le départ de Josep pour le continent américain. Pour le photographe-reporter, c’est une façon de faire revenir « les dessins là où ils ont été faits  ». L’exposition intitulée « Les couleurs de l’exil » est à découvrir du 23 septembre 2021 au 19 septembre 2022.