Sous-traitance aéronautique : comment SFIB gère sa croissance

En croissance, le sous-traitant SFIB (société de fabrication industrielle de Bénac) a perçu une aide de la Région pour l’acquisition d’un nouveau four de traitement thermique. Cette PME de 75 salariés, où l’exigence est reine, forme en interne ses chaudronniers.

Déjà 35 ans d’existence, et en pleine croissance. L’activité de SFIB (société de fabrication industrielle de Bénac), sous-traitant aéronautique spécialisé dans la conception et la réalisation de biens d’équipement, a progressé de 24 % en 2019, et devrait encore bondir de 10 % par an sur les prochaines années.

Ces montées en cadence, synonymes d’investissements et de recrutements, ne sont pas simples à gérer. C’est pour accompagner cette phase positive, mais délicate, que la Région a attribué un Contrat Croissance à la PME haute-pyrénéenne. Une aide publique bien utilisée : l’entreprise, passée maître dans l’art de la chaudronnerie, de la soudure, du montage de structures et du traitement de surface, a en effet décidé de se doter d’un nouveau four de traitement thermique.

De plus grande dimension et plus précis que les fours actuels, cet investissement permet d’améliorer la qualité des produits, de proposer une offre plus globale et de conserver la certification qualité Nadcap, dédiée aux procédés spéciaux aéronautiques.

Stratégie de diversification

« Le contrat croissance de la Région Occitanie a été un bon coup de pouce : 27.000 euros, sur un investissement de 140.000 euros, note Carine Faure . Il a amorti les frais générés et la formation des salariés sur cette nouvelle machine. C’est aussi un moyen de continuer à progresser, alors que Lacq-Pau-Tarbes a été désigné Territoire d’Industrie par le gouvernement. »

La croissance est portée par des clients nouveaux, « en Espagne et au Portugal principalement, toujours dans l’aéronautique », détaille Carine Faure, cogérante, en charge de l’administratif et du financier. A l’horizon 2024, l’objectif est de faire passer la proportion de l’aéronautique de 95 % à 70 %, « tout en continuant, naturellement, à croître ». Un commercial vient d’être recruté pour capter de nouveaux clients. « Pour l’instant, nous sommes principalement sur les marchés Dassault : Rafales, jets Falcone. Il peut y avoir des à-coups dans les commandes », ajoute-t-elle.

Une dynamique de formation interne

Pic de commandes oblige, SFIB recrute cinq salariés, sur des postes de chaudronniers en atelier et de technicien méthode. « C’est de plus en plus compliqué de trouver », souffle la dirigeante. Pour pallier les difficultés d’embauche, SFIB participe aux salons TAF de la Région Occitanie, et fait appel à des demandeurs d’emploi finalisant un CQPM (certificat de qualification paritaire de la métallurgie), financé par Pôle emploi et la Région Occitanie. Au sein de SFIB, Jean-Marc Lie, responsable de la production, se charge de la phase d’intégration. En poste depuis 30 ans, il dirige 30 salariés et forme les nouveaux entrants, au rythme de 3 ou 4 par an, avec patience et passion.

« La maîtrise de la chaudronnerie demande dix ans de pratique. En formant en interne, je peux avoir des gens adaptés aux pièces à réaliser. Avec certains, particulièrement habiles de leur main et capables d’intégrer beaucoup d’informations, je peux aller très vite et très loin. » Les compétences spécifiques requises ? « La lecture de plan, l’approche de la matière, raconte-t-il. Il faut comprendre comment faire bouger le métal, être capable de faire épouser la matière à la forme requise, sans diminuer l’épaisseur. Les critères de cote sont très précis. Nous travaillons à 2 ou 3 dixièmes, beaucoup au marteau et au maillet. C’est parfois presque de l’art, et les pièces produites sont très variées. » La dimension de transmission est essentielle pour lui, « surtout pour des gens qui partent de rien ».

Mais il regrette que le métier de chaudronnier soit mal perçu par les jeunes, « alors qu’il y a de la place pour eux. Ce n’est pas perçu comme un métier d’avenir, alors qu’il l’est. Il faut dépoussiérer l’image, par un travail de pédagogie ». Un autre combat à mener : la féminisation des métiers de l’industrie. « Nous avons 18 % de femmes, la plupart dans les bureaux, évalue Carine Faure. Trop peu de femmes postulent dans l’industrie ! »

  • Montant de l’aide de la Région Occitanie, dans le cadre du Contrat Croissance : 27.760 euros.
  • Cinq emplois créés ou maintenus.

SFIB travaille entre autres sur un plan d’investissement pluriannuel de 500.000 euros avec la Région Occitanie, pour renouveler le parc machines et lancer une démarche environnementale intégrant la dématérialisation des procédures internes et clients.

Une famille, des métiers

SFIB, établi dans un bâtiment de 2.500 m2, exerce plusieurs métiers : cintrage de tubes et de profilés, découpe, détourage 2D et 3D, pliage de pièces élémentaires (aluminium, acier, inox, titane…), traitement thermique, chaudronnerie, pour la fabrication de nervures, renforts, cache-porte, revêtements, tuyauteries…, emboutissage, soudure, assemblage, traitement de surface et peinture.

Il s’agit d’une affaire familiale, créée par quatre fondateurs. Trois sont à ce jour partis à la retraite. Seul Jean Hernandez est toujours cogérant, aux côtés de Carine Faure, fille de l’un des fondateurs. Trois autres enfants des fondateurs sont associés : Kevin Hernandez (informatique et export), David Faure (responsable production et méthodes) et Christelle Bonzom (achats et chiffrage).

35 ans de savoir-faire dans l’aéronautique

La PME développe deux activités principales : réalisation de pièces et d’ensembles aéronautiques et assistance sur sites clients pour assemblages. Quelques références : Embraer, Airbus, Dassault Aviation… Le siège et les ateliers, situés à Bénac (65), sont proches de l’aéroport de Pau-Lourdes. Une filiale de tôlerie, Aerochapa, est implantée à Vitoria Gasteiz (Espagne). SFIB réalise un chiffre d’affaires de 4,3 millions d’euros l’an dernier, et emploie 75 salariés.

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