Les brèves

Les industries culturelles et créatives , une filière économique solide et attractive

Le développement des industries culturelles et créatives (ICC) profite à l’Occitanie où les filières audiovisuelles et jeux vidéo sont particulièrement actives. Répondant à la demande croissante de séries, de films et de création audiovisuelle, les ICC constituent un secteur économique à part entière dopé par les potentiels du numérique et de l’IA.

Tournage du film Pétaouchnok d’Édouard Deluc (2022)

Crédits : Occitanie films

Vous connaissez le ciné-tourisme ? C’est une tendance encore émergente mais qui prend de l’ampleur ; elle consiste à choisir ses destinations de vacances en fonction des lieux de tournage de ses films ou de ses séries préférées.

Vous avez vu et aimé la série « Candide Renoir » ? Vous adorerez visiter Sète !
Cette tendance est suffisamment forte pour que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) y consacre une étude. Publiée en février 2024, l’étude, intitulée « Impact du cinéma et de la fiction TV sur le tourisme en France », évalue dans quelle mesure l’exposition à un film ou une fiction se déroulant en France donne envie aux touristes de choisir cette destination.

Quatre villes qui représentent des lieux importants de tournage ont été testées : Nice, Marseille, Tours et Sète. 26 % de touristes français et étrangers interrogés à Sète déclarent être venus visiter la ville après avoir vu un film ou une série, en l’occurrence et dans l’ordre « Candide Renoir » ou « Demain nous appartient » et dans une moindre mesure « La Graine et le mulet » ou « Balle perdue ».
Sète fait partie des lieux de tournage historiquement les plus prisés en Occitanie : depuis « Pépé le Moko » en 1937 jusque « Fragile » en 2020 en passant par des films d’Abdellatif Kechiche, de Claude Sautet ou d’Agnès Varda.

3 000 jours de tournage par an

Sète n’est pas un cas isolé. Avec 3 000 jours de tournage par an en moyenne, la région s’est même installée à la deuxième place des régions accueillant le plus grand nombre de jours de tournage, derrière l’Île-de-France.

Ce succès s’est structuré au fil des années. Une Commission du film, mise en place depuis 2003, valorise les sites de tournage et les ressources (techniques, artistiques, prestataires, etc.) via quatre structures : Occitanie Films, Ciné 32, Gindou Cinéma et Grands Causses Cinéma. « Notre rôle, explique Karim Ghiyati, directeur d’Occitanie films, est de consolider la filière cinéma / audiovisuelle : attirer des tournages en Occitanie, valoriser les 9000 professionnels régionaux des 70 métiers du cinéma que compte la région et inciter les sociétés de production à les recruter sur place. Cela permet aux producteurs de réduire les coûts et de s’appuyer sur un réseau local solide. »

De nouveaux lieux à filmer

Occitanie films qui se réjouit de voir chaque année 80 films (une quarantaine de fictions et une quarantaine de documentaires) tournés en Occitanie cherche à diversifier les lieux de tournage. « De nombreux lieux ont été filmés à Montpellier, Toulouse, Sète, aux abords du Lac du Salagou ou de l’abbaye de Fontfroide, explique Karim Ghiyati. Mais il y a aussi de nouveaux lieux comme Villefranche-de-Rouergue qui sert de décor à « All The Light We Cannot See » sur Netflix ou à « Olympe, une femme dans la révolution » de Julie Gayet diffusé à l’automne 2024 sur France Télévisions.

D’autres lieux méritent de constituer les décors de films, ajoute Karim Ghiyati : je pense au Pic du Midi, à Luchon, à la campagne gersoise, à Cahors, à la Cité de Carcassonne ou à la Place aux Herbes à Uzès. C’est la raison pour laquelle nous avons créé Screen Occitanie, un site entièrement dédié aux décors. »

Quatre films au Festival de Cannes

En 2024, quatre films liés à l’Occitanie seront présentés au Festival de Cannes : « Miséricorde » d’Alain Guiraudie (Cannes Première) tourné dans le Sud-Aveyron sur le Larzac ; « La Plus Précieuse des marchandises » de Michel Hazanavicius (Sélection Officielle) « Animale » d’Emma Benestan (Semaine de la Critique) ; et une séance spéciale du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre de La Patellière tourné quelques jours à Céret et Pézenas.

Au-delà du tapis rouge et des poids lourds du secteur que constitue par exemple TAT Productions, les tournages représentent de conséquentes retombées économiques. Elles sont estimées, selon les chiffrages, entre 60 et 100 millions d’euros par an. Un phénomène appelé à se renforcer. L’appel à projet France 2030 « La Grande fabrique de l’image » a ainsi retenu 11 projets d’entreprises installées en Occitanie dont le projet Pics Studio de cité du cinéma évalué à 200 millions d’euros.
En parallèle, et au-delà du seul secteur audiovisuel, la Région Occitanie s’est dotée d’une stratégie culturelle destinée à soutenir l’ensemble de la filière des industries culturelles et créatives. Un budget de 80 millions d’euros y sera consacré jusqu’en 2028.

Et le jeu vidéo ?

Dans le domaine des ICC, le secteur du jeu vidéo représente aussi un enjeu culturel et économique. Plus importante industrie de divertissement au monde, le gaming sera mis à l’honneur pour la première fois lors de Viva Technology 2024 au cours de la journée grand public du samedi 25 mai. En Occitanie, le secteur compte 125 entreprises et plus de 1 000 emplois, tous concernés par la tendance en cours dans le secteur numérique : l’hybridation des compétences.

Intelligence artificielle et métiers des ICC

En avril dernier, la 4ème édition de Future Intelligence qui s’est déroulée à Montpellier était ainsi consacrée à l’IA de confiance utile aux industries culturelles et créatives.

Afin de mieux comprendre les usages de l’IA et ses impacts réels sur la filière de l’image, le CNC a de son côté publié en avril 2024 « une cartographie des usages actuels et potentiels de l’IA, et notamment des nouveaux cas d’usage de l’IA générative, dans les métiers du cinéma, de l’audiovisuel et du jeu vidéo ».

Avec BearingPoint, le CNC note qu’au-delà des opportunités (stimuler la créativité, gagner du temps et améliorer la productivité), « une adoption large de l’IA par la filière dépend de la capacité à lever certains freins et réticences actuels, et à répondre aux risques identifiés par la filière : risques juridiques et éthiques associés à l’IA générative, adéquation des outils aux standards professionnels, maturité des professionnels vis-à-vis de l’IA. »
Le rapport pointe également la nécessaire transparence des bases d’entraînement des IA génératives, la confidentialité des données ingérées par l’IA, les biais culturels des modèles d’IA générative, la protection des œuvres créées ainsi que le droit à la personne des comédiens et doubleurs.

Des pistes de réflexion qui promettent d’occuper largement et pendant un bon moment nos cerveaux humains.