François Bayrou a choisi le moment de la torpeur estivale pour envoyer un coup de froid sur le pays. Probablement préparée de longue date et répondant à l’idéologie comptable qui l’anime, cette nouvelle cure d’austérité ne laissera personne indemne et frappera durement les plus fragiles. Et cela d’autant plus que le Premier ministre annonce une nouvelle punition pour les collectivités territoriales alors qu’elles sont des bonnes élèves en matière de gestion et d’efficacité de l’action publique. N’oublions pas que, depuis 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, le déficit public s’est creusé de plus de 1000 milliards d’euros en raison d’une logique ultra-libérale, théorisée par le ruissellement, qui s’est avérée inefficiente.
46,3 milliards d’euros d’austérité pour 2026 ! Voilà, l’annonce faite par le Premier ministre. Ce nombre, qui rappelle les 40 milliards de 2025, relève plus du totem que d’une véritable logique budgétaire et économique. Elle fait notamment fi des dégâts humains qu’elle occasionnerait et du risque de récession qu’elle engendrerait si elle était réellement appliquée
Une nouvelle fois, les collectivités locales sont pointées du doigt. Alors qu’elles ne représentent que 5,9 % de la dette publique, elles sont appelées à contribuer à hauteur de 12,1 % soit 5,3 milliards d’euros. Et ce, sans prendre en compte les 1,4 milliard qu’elles devront verser en plus à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales et aux différentes mesures figurant dans certaines lignes budgétaires concernant les territoires. Rappelons que l’État représente 83,4 % de cette dette et ne contribuera qu’à hauteur de 22,8 %.
En ciblant les collectivités locales, les dépenses de santé, les retraités, l’assurance chômage et avec des mesures générales comme l’année blanche, le Gouvernement veut faire payer ses errements à tout le monde et va provoquer un « choc négatif » sur la commande publique, les recettes fiscales et l’emploi tout en engendrant des situations dramatiques en matière de faillite, de précarité et de santé.
Imposant une nouvelle cure d’austérité aux collectivités locales, le Gouvernement va porter atteinte à notre investissement public local qui est pourtant nécessaire à l’économie nationale et à la solidarité. Il va, par exemple, annihiler notre action pour reconstruire une offre ferroviaire de qualité et de proximité, il va obérer notre audace à lutter contre le dérèglement climatique et à porter la transition écologique, il va contraindre nos investissements dans les équipements publics comme les lycées et il va porter atteinte à notre soutien aux autres collectivités locales et aux associations ainsi qu’à nos capacités d’intervention dans des domaines comme la santé. Et ce, alors que nous avons su aller au-delà de nos compétences pour lutter contre la désertification médicale qui touche nos territoires et face à laquelle l’État n’apportait aucune réponse utile ou efficace.
Ces mesures vont représenter une double peine, voire même davantage, pour nos concitoyens. Ils vont voir leur pouvoir d’achat diminuer et notre capacité à faire la rentrée la moins chère de France menacée par des décisions nationales. Ils vont voir les services publics nationaux diminuer, sous l’effet du non-remplacement des fonctionnaires, et notre possibilité de nous y substituer être contrainte. Ils vont voir l’offre de santé diminuer dans les territoires et notre capacité d’imaginer et de mettre en oeuvre des alternatives être altérée. Mais nous résisterons et continuerons à agir car nous savons que les échelons locaux sont devenus des références pour nos concitoyens, qu’ils sont nécessaires à leur vie quotidienne et primordiaux pour l’avenir.
Pour cela, nous appelons le Gouvernement à changer de braquet et à faire oeuvre de justice fiscale et territoriale !
Christian ASSAF,
Président du Groupe Socialistes et Citoyens d’Occitanie

