Les portraits

Jean-Claude Carrière : « J’ai un pied ici, l’autre qui a voyagé »

Jean-Claude Carrière, 86 ans, est un puits de science, un touche à tout de génie tour à tour écrivain, scénariste, metteur en scène et acteur à l’occasion. Dans sa « carrière », il a travaillé avec les plus grands, souvent comme scénariste : Luis Buñuel, Pierre Etaix, Louis Malle, Romy Schneider, Catherine Deneuve, Jeanne Moreau…
Les portraits de ses illustres amis jalonnent aujourd’hui les murs du bureau qu’il a aménagé dans sa maison d’enfance de Colombières-sur-Orb dans l’Hérault. Il nous a accordé cet été une interview à retrouver en vidéo (lien en bas d’article). Morceaux choisis

Crédits : Jean-Jacques Ader

EN 5 DATES

1931 (19 septembre) : naissance à Colombières-sur-Orb (34)
1957  : Premier roman, Lézard.
1983 : César du meilleur scénario pour Le Retour de Martin Guerre
1990 : César de la meilleure adaptation pour Cyrano de Bergerac
2017 : Du Nouveau dans l’invisible coécrit avec Jean Audouze et Michel Cassé

Sur ses racines

« Chacun de nous a un lien particulier avec la terre où il est né. Ce lien est indéfinissable. Je ne dis pas que le Midi, que l’Occitanie est le plus beau pays du monde mais c’est le mien. Et cela m’a été très utile d’avoir cette terre de repli, cet endroit où je suis chez moi où je peux revenir vivre très innocemment et très humblement. J’ai un pied ici dans cette maison et l’autre pied qui a énormément voyagé pendant soixante ans. Je ne sais pas s’il y a des pieds qui ont voyagé autant que le mien. »

Sur l’occitan

« Quand j’étais enfant, j’étais bilingue. Mes parents ont été les premiers de la famille à parler français entre eux. Mes grands-parents se parlaient en occitan. Je comprends encore parfaitement l’occitan mais je le parle moins bien depuis que j’ai appris l’espagnol. Encore aujourd’hui, même avec des amis plus jeunes que moi, il m’arrive de lâcher une phrase en occitan car il y a des choses que je ne sais pas dire en français. »

Sur l’écologie

« J’ai été un des premiers écolos dans les années 60 et je vois que rien ne s’est arrangé sur les plans de la surpopulation, de la surexploitation… je crois que nous allons vers une crise très dure dont on sent déjà les effets. Ici par exemple, il n’a pas plu depuis des mois alors qu’il y a toujours eu des orages l’été.
Beaucoup d’espèces animales ont disparu, notamment les insectes. C’est assez inquiétant et beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte et continuent à vivre comme si de rien n’était. »

Sur la culture

C’est notre plus belle activité. C’est très large ce que l’on nomme la culture. C’est aussi bien l’étude des mœurs et des coutumes des gens que les beaux-arts. Un homme cultivé, c’est un homme érudit qui n’est pas forcément plus intelligent qu’un autre. Si nous n’avions pas la culture, que serions-nous ? Des bêtes comme les autres.

Sur son prochain livre

Il y a 30 ans j’avais publié Conversations sur l’invisible avec deux astrophysiciens de haut niveau. Trente ans après, nous faisons paraître un livre qui s’intitule Du nouveau dans l’invisible qui nous a demandé deux ans de travail. Maintenant je peux donner des cours de mécanique quantique, avec une formation purement littéraire…