A l’issue de la minute de silence en mémoire de Dominique Bernard et de Samuel Paty, Carole Delga a déclaré :
« Je présente à la famille de Dominique Bernard, à ses amis, à ses proches, à ses collègues, à ses élèves mes plus sincères condoléances. Je pense aux trois blessés dont la vie n’est plus menacée mais bouleversée à jamais. Je pense à l’ensemble de la communauté éducative de notre pays qui doute, qui souffre, qui a peur, qu’il faut aider de toutes nos forces.
Ce lundi 16 octobre, le pays porte le même deuil que ce vendredi 16 octobre 2020. Dominique Bernard à Arras il y a trois jours, Samuel Paty à Conflans Saint-Honorine il y a 3 ans. Des professeurs, frappés à mort par le terrorisme islamiste, parce qu’enseignant. Des professeurs qui faisaient leur travail, l’un des plus beaux, des plus durs, celui d’élever les consciences. Je salue avec affection Gaëlle, la sœur de Samuel Paty, qui est avec nous aujourd’hui.
Tuer si sauvagement les messagers du savoir, ceux qui transmettent l’éducation, ce n’est pas tuer le message. Il reste entier et inaltéré. En France, on est libre de ses opinions, libre de penser, libre de critiquer, de se moquer de toutes les idées, de toutes les doctrines. En France, on est libre de pratiquer une religion ou de ne pas en pratiquer, d’en changer ou de l’abandonner et c’est bien la laïcité qui garantit et cadre cette liberté.
Avant d’ajouter : Dans un livre remarquable, très bien documenté, Valérie Igounet et Guy Le Besnerais retracent l’engrenage qui a conduit au drame du 16 octobre 2020. Je salue cette enquête sobre et centrée sur les faits. Fidèles à ses valeurs, je suis fière que la Région Occitanie en soit partenaire.
Je salue la communauté éducative, et en particulier les enseignants et les élèves du lycée Martin Malvy de Cazères présents ce soir, et que j’ai rencontré ce midi pour inaugurer une salle Samuel Paty. La Région Occitanie mettra à disposition de chaque lycée l’ouvrage « Crayon noir ». Car c’est d’abord par l’éducation, la transmission de la connaissance et l’application et l’explication du principe de laïcité que nous ferons reculer l’ignorance et la violence ».
Et de conclure : Chacun est capable à son échelle, de combattre le racisme, l’antisémitisme, le négationnisme, l’intégrisme. C’est un devoir, renoncer serait une faute. Ce devoir, c’est nommer clairement les choses. Je n’ai pas peur de dénoncer le terrorisme islamiste. Pas de place pour le « Oui, mais… ». Comme je n’ai pas craint de projeter des caricatures de Charlie Hebdo ou l’hommage « Touche pas à Mon Professeur » sur les deux hôtels de Région. Sachez que je ne transigerai jamais, je ne tremblerai pas.
Samuel Paty est devenu un symbole malgré lui, le symbole de la résistance à l’obscurantisme. Il était comme Dominique Bernard un héros du quotidien ; il était un prof comme on les aime, quand on est enfant. Comme tous ces professeurs qui veulent donner à leurs élèves des outils de compréhension du monde pour les aider à grandir, à se forger un esprit critique, à devenir des citoyens pour construire une humanité plus éclairée. Continuons à les soutenir, à faire vivre ces idéaux. C’est là le plus bel hommage que nous pouvons rendre à Samuel Paty et à Dominique Bernard ».
A l’issue, se sont suivis les grands témoignages de Laurence Bardeau-Almeras, professeur et membre de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie, de Valérie Igounet et Guy Le Besnerais, autrice et dessinateur de l’ouvrage Crayon Noir, de Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, et de Iannis Roder, professeur et directeur de l’observatoire de l’éducation à la fondation Jean-Jaurès, avec la participation du journaliste Patrick Cohen.
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