A Perpignan, mobilisation contre le coronavirus

Des femmes issues du quartier défavorisé Saint-Jacques, au cœur de Perpignan, bénéficient d’un programme d’insertion mis en place par la société JVS Textiles. Elles se forment à la confection textile et à la fabrication de masques. Une belle histoire, accompagnée par la Région Occitanie.

 Justine Roquelaure - Studio Hans Lucas
Crédits : Justine Roquelaure - Studio Hans Lucas

Une trentaine de femmes issues du quartier défavorisé de Saint-Jacques, à Perpignan, viennent d’intégrer l’atelier de confection textile et de sérigraphie Père Pigne (jeu de mots autour de « Perpignan »), spécialisé dans les t-shirts écoresponsables et, urgence sanitaire oblige, dans les masques de protection.

Dans cette entreprise solidaire (lire ci-contre), 29 emplois sont ainsi occupés en insertion, sur un effectif qui a été porté de 10 à 57 personnes en quelques semaines. Pourquoi une telle progression ? Dans le cadre de l’opération Résilience, lancée par le gouvernement, Père Pigne a été retenu pour participer à l’effort national de production de masques de protection. « Chaque jour, nous fournissons 2.500 masques en tissu (norme Afnor) pour les collectivités, et 2.000 autres pour l’État  », précise Mickaël Marras, président de JVS Textiles, SAS qui exploite la marque Père Pigne. En parallèle, la production de t-shirt, en nom propre et pour des marques partenaires, bat son plein. Des négociations sont en cours avec des enseignes renommées, telles que les Galeries Lafayette, C Discount ou des plateformes spécialisées dans les produits écoresponsables.

Face à un besoin en masques important et pérenne, le carnet de commandes déborde, affichant 18 mois de visibilité. Une montée en puissance qui oblige à un outillage rapide. Outre la croissance des effectifs, la SAS vient ainsi de s’installer dans des locaux de 300 m2, quai Vauban, dans un lieu mythique - l’ancienne brasserie de l’Usap. « S’implanter ici, c’est un joli symbole de mixité sociale », observe ce diplômé de l’Université Toulouse 1 Capitole (sciences sociales). 80.000 euros ont été investis dans l’acquisition de 20 machines à coudre et une table de découpe. Un investissement aidé à hauteur de 50 % par la Région Occitanie, via le dispositif du Pass Rebond.

Fières de travailler pour le bien commun

Dans son nouvel écrin, l’atelier peut accueillir simultanément 30 personnes en production. Deux équipes se succèdent chaque jour (7h-14h puis 14h-21h). Une équipe est divisée en groupes de 5, avec la présence, dans chacun d’entre eux, d’un ou deux couturiers professionnels « pour permettre la montée en compétences, la formation s’effectuant sur le tas ». Quatre encadrants socioprofessionnels gèrent l’intégration dans le processus de production, la posture devant la machine, l’accompagnement des bénéficiaires dans leurs parcours d’insertion… « Les personnes en insertion restent deux ans. Si on arrive à développer notre marché, leur contrat sera transformé en CDI normal. C’est le but. Je suis confiant, le travail viendra au-delà des masques. Il y a une demande grandissante pour notre valeur ajoutée, environnementale et sociale. Et les clients franchiront d’autant plus le pas que nous avons grossi. Notre outil peut répondre à n’importe quelle commande », confie Mickaël Marras.

Que ressentent aujourd’hui Rachel, Karima ou Sephora, ces apprenties couturières, issues de l’un des quartiers les plus pauvres de France ? « Elles sont fières de travailler. En plus, pour des éléments de protection des gens, destinés à des agents du service public, des associations de type Emmaüs… », conclut-il. Ces femmes ont été distinguées par le préfet des Pyrénées-Orientales, Philippe Chopin, à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, le 8 mars 2020.

Le Pass Rebond de la Région Occitanie vu par Mickaël Marras (JVS Textiles) :

« L’aide de 40.000 euros de la Région Occitanie a été décisive. Elle nous a permis d’acheter du matériel neuf, qui nous fait franchir un pas. Sans cette aide, nous aurions pris du matériel d’occasion, en plus petite quantité. »

Une alliance entre entrepreneuriat et inclusion sociale

JVS (pour « joint-venture sociale ») Textiles, créée en juin 2019, est une structure innovante de l’économie sociale, fruit d’un mariage entre une entreprise, ‘La Crèmerie Sérigraphie’, et une association d’insertion par l’économie, ‘la Régie de Perpignan Sud’. Cette dernière apporte son expertise dans le domaine de l’insertion, l’entreprise amenant de son côté son expertise en matière de sérigraphie et de confection textile.

L’objet social de JVS Textiles est la production et la vente de T-shirt écoresponsables, sous la marque Père Pigne. « On est le seul atelier du pays qui cumule le 100 % Made in France, l’aspect écoresponsable (matériel recyclé) et la mise en place d’un programme d’inclusion », explique Mickaël Marras, président.

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Les visages de l'économie régionale 5
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