Collectif Dessiner le vivant

"Pagny parvient à capturer le mouvement et l’énergie dans des dessins bi-dimensionnels sur papier, d’une manière qui transcende les limites du medium. Et c’est tout à fait approprié, car dans son processus, le medium est souvent elle-même."
Matthew Ismael Ruiz, SUITED MAGAZINE, New York

http://www.corinepagny.fr
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Dans le dessin, la gravure et les livres d’artiste, mon univers artistique s’articule autour de la notion du corps, de l’intime et du quotidien pour explorer des récits profondément humains et universels.
Mes carnets m’accompagnent depuis 2001, racontent mon quotidien et constituent ainsi une mémoire de vie. Ils m’offrent une liberté de travail, car je varie les techniques et les outils, sans crainte, sans enjeu. Ainsi, à travers eux, je cherche à rencontrer le vivant dans son énergie et sa force de vie, sur un fil ténu entre la maîtrise et la spontanéité.
Mon travail est une quête de la singularité dans l’ordinaire, où chaque trait, chaque empreinte, et chaque composition graphique devient une narration visuelle unique. Je construis des histoires où le corps humain est souvent au centre, à la fois comme espace de vulnérabilité et comme vecteur de mémoire. Le quotidien, avec ses gestes et ses rythmes, nourrit ma réflexion, me poussant à réinterpréter ces instants fugaces dans le dessin ou l’estampe.
Pour autant, mes tamponades sont à la gravure ce que la pochade est à la peinture, des œuvres légères à l’esprit libre.
Elles se jouent des clichés en empruntant souvent à ­l’Histoire de l’Art des représentations iconiques fortes. Elles portent un regard singulier sur la féminité et parfois renvoient au fantasme, à la rêverie.

https://www.tamponades.com

Mon travail plastique est en lien avec ma formation littéraire : études de Lettres Modernes à l’université de Toulouse le Mirail (où j ai obtenu une maîtrise mention TB et un Capes), puis Beaux Arts de Douai et de Lille.
Le 1er travail exposé a eu comme sujet l’origine des écritures. Je l’ai développé pendant une vingtaine d’années, passant de signes réels (écritures cunéiformes, rongo rongo pascuans, hieroglyphes) à des signes inventés, synthèse de tous les glyphes originels.
De retour dans le sud j’ai fréquenté des académies de dessin et introduit dans mon travail des silhouettes humaines. A partir de là mes œuvres se sont organisées en deux directions.
Les grands mythes de l’humanité. Prolongeant le thème des origines des écritures , j’ai intégré aux pigments des matières, sables ou trames textiles , créant ainsi une archéologie fictive re-visitant l’originel. Les supports textiles, draps de lit en particulier, sont devenus l’une des caractéristiques de mon travail. Superposant les couches découpées, utilisant les broderies , des trames diverses, a affleuré alors une archéologie intime et familiale qui fait écho à l’archéologie générale.
Corps en mouvement comme écriture. Le dessin de modèles vivants fait évoluer mes œuvres plastiques. Le corps devient écriture, signe. Dans de récents travaux sur le tango, avec la captation du mouvement les corps s’effacent pour devenir signes écriture du vivant.
https://www.yvesmarcerou.com

Diplômée de L’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, elle a fait une recherche lors de son DEA en sciences de l’art sur les artefacts synergétiques, après une maîtrise en psychologie. Elle a fondé l’Artothèque de Poitiers. Sa démarche artistique a été analysée par Jacques Cohen à la Sorbonne dans sa thèse de doctorat d’état "Art et Autre : enseignements" (29 nov 1994).
“Ma peinture sait que l’effusion, pour s’exprimer, a besoin d’exercices très modestes et constants.
Les gestes les plus purs et l’appréhension des philosophies orientales sont sans nul doute un appui de dizaines d’années.
Elles permettent une extrême rapidité à travers de lentes préparations.
Ici, la philosophie est devenue “matériologie”. Dans les séances de thérapie partagées auprès d’énergéticiens, le moment humble de l’existence apparaît et la qualité de l’intentionnalité se rapporte à travers les fragments de vêtements, des cheveux, des papiers et quelques objets confiés par des patients.
Ils sont disposés comme autrefois dans le scriptorium de l’humaniste.
Dans leur pauvreté franciscaine, ces objets, ces couleurs séchées en flaques rappellent que la contemplation, le respect de ce qui est apparemment nul est peut-être la voie royale. »
https://denise-sabourin.fr

EN CORPS ET ENCORE
Longtemps, dans le grand salon de la maison, Clotilde Maillard enfant, a rêvé devant les tableaux d’Émile Maillard, son arrière grand-père, Peintre officiel de la Marine. Évasion, admiration et naissance d’une passion. Un savoir-faire exemplaire qu’elle apprendra et peaufinera à l’académie Julian, dans la classe de dessin de Roland Guillaumel, grand prix de Rome de sculpture. Puis le grand saut avec les pinceaux.
L’envie. Son trait précis capte tout ce qui vit. Sa palette alerte colore l’émotion et la met en lumière. L’acuité. Portraitiste aiguisée, c’est un festival de gueules et autant de sentiments cachés, couchés sur la toile. Sa famille, ses amis, ses rencontres. Un réalisme comme une radiographie teintée d’humour décalé. Des corps en mouvement saisis au bon moment. Surtout les femmes qu’elle chérie et glorifie d’une pudeur provocante et qui vous toisent, nues, en contre-plongée, du haut de leurs longues jambes. La résilience, ou, petite fille, elle court apaisée en oubliant parmi les oies bienveillantes, la tristesse lissée d’un traumatisme passé.
L’observation. Même ses paysages habités, respirent et inspirent.« Je doute souvent mais j’ose toujours », dit-elle. Elle a raison, car c’est par nos failles que passe la lumière…
Armel Ferroudj-Bégou
https://clotildemaillard.com