Retour sur les précédentes éditions

Armelle Caron et Reno Leplat-Torti, créateurs de l’affiche de la 8ème édition

Ils évoquent l’un et l’autre leur manière personnelle d’investir le champ de la création contemporaine.

Armelle CARON, artiste plasticienne, enseignante à l’école des Beaux-arts de Sète

Comment avez-vous imaginé le visuel de l’affiche ?

Après plusieurs essais, Reno et moi sommes tombés d’accord sur le choix de cette représentation d’une carte de l’Occitanie sur un papier froissé. Elle évoque le territoire géographique – qui est à la fois l’un des enjeux majeurs des JAA, et l’un des fils rouges de ma propre pratique artistique - et la réalité de l’atelier. Essayer, rater, recommencer, voilà le quotidien d’un artiste !

D’où vient cet intérêt pour la cartographie ?

Je ne saurai le dire précisément, mais comme les cartographes j’ai besoin de m’appuyer sur des éléments préexistants pour bâtir mes images. Ça peut être des données cartographiques, mais aussi des couleurs, des motifs, des souvenirs… Je collecte des données et je les organise à partir de médiums variés et de méthodologies inventées, en adaptant mon travail à l’architecture des lieux. C’est le cas de l’exposition que je prépare pour le MRAC à Sérignan (11 octobre 2025 – 22 mars 2026). Je suis également en train de mettre au point une application pour le musée, un outil pédagogique inspiré d’un jeu de Tangram.

Reno LEPLAT – TORTI, graphiste, commissaire d’exposition, collectionneur

Quelle est l’évolution de votre parcours professionnel ?

J’ai abandonné ma pratique artistique il y a une dizaine d’années pour me consacrer à la pratique curatoriale. Après avoir ouvert une galerie à Montpellier, je travaille aujourd’hui en indépendant à l’accompagnement d’artistes qui explorent la sphère des arts populaires et traditionnels. Je poursuis ma pratique de graphiste de manière ponctuelle, par amitié – c’est le cas pour Armelle - ou pour des structures avec lesquelles je collabore régulièrement, comme le Mo.Co à Montpellier ou le MRAC à Sérignan. Mais le plus gros de mon activité consiste à faire vivre ma collection de paños, que j’alimente depuis 20 ans.

Quelle est l’histoire de cette collection ?

Aux Etats-Unis, les paños sont les mouchoirs des détenus, souvent d’origine hispanique, qu’ils décorent et offrent aux membres de leur famille ou de leur gang. Ce sont des objets de transition entre le monde carcéral et l’extérieur. J’ai découvert cet art traditionnel en m’intéressant aux objets réalisés en milieux fermés, prisons ou hôpitaux psychiatriques. Avec plus de 800 pièces et une soixantaine d’expositions réalisée à ce jour, mais aussi des éditions de catalogues et l’organisation d’ateliers avec des détenus, ma collection reste sans doute l’une des plus actives au monde. Je suis en train de co-réaliser avec Sébastien Casino un documentaire sur le sujet.