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Nouvelles fouilles dans les ports antiques de Narbonne

Dans le cadre d’un partenariat avec la Région, chaque été depuis 2010, une équipe de chercheurs explore les lagunes autour de Narbonne pour mettre au jour le fonctionnement de cet important réseau portuaire à l’époque de l’Antiquité romaine. Entre le IIe siècle avant J.-C. et le Ve siècle de notre ère, les ports antiques de Narbonne étaient la plaque tournante du commerce méditerranéen.

Vue générale des fouilles 2016 sur le site de l’île Saint-Martin, à Gruissan.

Voilà sept ans que l’équipe de chercheurs du CNRS fouille, trois mois par an, les ports antiques de Narbonne autour des étangs de Bages-Sigean. Un partenariat noué entre la Région et le CNRS a permis la réalisation de ces fouilles, qui éclairent notre compréhension du système portuaire de la Narbonnaise, l’un des plus importants de l’Empire romain.

Les sites de Port-la-Nautique, de Mandirac-Le Castélou, de l’île St-Martin et de l’île de Ste Lucie sont fouillés depuis 2010. La campagne de 2016 s’est concentrée sur le site de St-Martin et de Port-la-Nautique.

Peu à peu, les hypothèses se confirment : Narbonne s’organisait sur un réseau d’avant-ports aménagés dans la lagune, qui faisaient le lien entre la Méditerranée et les terres de l’Empire romain. Le rôle stratégique du site de l’île Saint-Martin est aujourd’hui avéré par la présence d’un vaste ensemble architectural organisé autour d’une grande cour centrale, composé d’un bâtiment administratif, d’un entrepôt de stockage, de bureaux ou boutiques, et de thermes. Le matériel retrouvé par les archéologues dans le bâtiment central (balance et encrier en bronze, jetons en os et en verre) suggère qu’il était dédié aux transactions commerciales et aux contrôles de marchandises.

L’une des découvertes majeures de la campagne de fouilles 2016 confirme la vocation portuaire et maritime du site. Elle concerne les vestiges d’une tour aux fondations massives, établie sur un promontoire au plus près du rivage de l’étang. Selon les estimations des chercheurs, elle pouvait s’élever sur 15 à 20 mètres de hauteur et servait de phare pour les bateaux entrant dans la lagune depuis la Méditerranée.

La pêche constituait également une activité importante, comme le révèlent la présence d’hameçons, d’arêtes de poissons et même de vertèbres de mammifères marins (os de seiche, de dauphin et de baleine).

Autre découverte majeure, un four à chaux, presque entièrement préservé, témoigne du démantèlement progressif des bâtiments de l’île Saint-Martin à partir du Ve siècle. Les matériaux de construction, le marbre et le calcaire, sont alors récupérés pour produire de la chaux. L’analyse des charbons présents au fond du four permettra par la suite, d’identifier les combustibles utilisés.

Reconstitution de four de potiers découvert cette année sur le site de Port-la-Nautique © P. Cervellin, GRAL-CNRS

Plus au nord, les fouilles sur le site de Port-la-Nautique soulignent l’importance des activités artisanales dans ce périmètre : des fours de potiers auraient notamment servi à produire des amphores, de la vaisselle, des tuiles et des terres cuites décoratives.
Des céramiques sigillées -céramiques fines utilisées à table pendant l’Antiquité romaine, ont été également été retrouvées en abondance. Alors produites à Millau, dans l’Aveyron, leur présence révèle qu’elles ont été acheminées jusqu’à Port-la-Nautique par voix de terre, avant d’être exportées dans toute la Méditerranée.

Le site de l’île Saint-Martin, à Gruissan, est ouvert pour des visites guidées jusqu’à la fin du mois d’août, du lundi au vendredi, de 10h à 12h et de 16h à 18h.
Les fouilles seront également visibles lors des Journées du patrimoine les 17 et 18 septembre 2016.