Ils ont peintres, sculpteurs, photographes, designers, pratiquent la vidéo, l’installation ou le street art, parfois même plusieurs disciplines à la fois…
En Occitanie, les artistes contemporains constituent une scène riche, foisonnante, il suffit pour s’en convaincre de passer la porte des galeries, centres d’art, musées, d’arpenter les espaces publics. Pour autant, l’univers de la création entretient ses mystères : celui du quotidien de l’artiste, de l’intimité d’une démarche, du lieu où l’œuvre prend forme. La Région Occitanie s’est donnée pour mission de lever le voile, une fois l’an, en organisant la Journée portes ouvertes des ateliers d’artistes.
C’est l’occasion de découvrir une autre manière d’aborder l’art et une occasion à saisir de voir l’œuvre en train de se faire, ressentir l’atmosphère de l’atelier, acquérir une pièce unique ou se découvrir pourquoi pas l’âme d’un collectionneur. En 2019, près de 350 ateliers se sont mobilisés, en tout coin du territoire, et le public était au rendez-vous !
Pour la troisième fois, la Région renouvelle l’initiative et invite artistes et visiteurs à se rencontrer. Au coeur des villes, dans une arrière-cour, un appartement ou un espace partagé, à la campagne, dans une grange ou un atelier ouvert sur le paysage, la création se niche partout. La bonne nouvelle ? Il y a forcément un atelier d’artiste près de chez vous.
Manuel Pomar, directeur artistique de l’association, défend depuis 2007 une approche libre et transversale de l’art contemporain.
Installé dans une ancienne chemiserie des faubourgs de Toulouse, Lieu-commun accompagne et forme des artistes, produit et diffuse leurs oeuvres et développe des actions de médiation auprès des publics à travers une programmation dynamique. Ses 1000 m2 de surface se partagent entre espace d’exposition, ateliers résidents permanents et annuels, ateliers collectifs et dispose depuis peu d’un atelier de création sonore et visuelle.
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Line Up est une association dynamique et un lieu singulier dédié à la culture de l’art urbain et contemporain. Le soutien aux artiste et la transmission auprès des publics sont ses principaux champs d’action, comme l’explique Keini Liguagua, directrice et co-fondatrice de l’association.
« L’association est née en 2015 du désir d’artistes et passionnés de street art et de graffiti de se structurer. Nous occupons un ancien hangar de 650 m2 proche du coeur de Montpellier, les ateliers Ernest Michel, où nous menons des actions de transmission auprès des publics, d’accompagnement des artistes, de résidences et de création d’évènements. Pour le public et les scolaires, nous organisons des visites dans Montpellier autour des thématiques street art / graffiti, ainsi que des ateliers de pratique artistique. Pour les artistes, nous mettons à disposition des ateliers : plusieurs artistes sont résidents permanents du lieu, d’autres sont accueillis en résidence pour des durées variables, selon leurs besoins. L’an dernier, nous avons décidé d’ouvrir nos espaces à l’occasion de la Journée portes ouvertes des ateliers d’artistes. Tous les artistes étaient présents pour accueillir les visiteurs, faire visiter les ateliers, prendre le temps d’expliquer leurs parcours et leurs démarches. L’accueil du public fait partie de nos missions mais cette initiative nous a permis de toucher un autre public qui ne nous connaissait pas forcément, curieux de découvrir le lieu. Ce sont des moments d’échange privilégiés que nous avons naturellement décidé de renouveler cette année. »
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Ancien professeur aux Beaux-arts de Perpignan, Sergeï Wolkonsky affiche une pratique pluridisciplinaire où se mêlent production d’images (photographie, dessin, peinture) et expérimentation sonore (lecture, musique…)
En fil rouge, la littérature, la pensée, la poésie, la pédagogie aussi guident son exploration des nouvelles écritures, en solo ou au sein du collectif Jour de Paie avec Nicolas Daubanes et Pablo Garcia. Dans son atelier personnel, il présente les multiples axes de son travail accompagnés d’une lecture.
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Quoi de plus naturel pour une artiste dont le thème préféré est l’Altérité que d’ouvrir sa pratique à l’Autre ? Avant d’entamer une résidence avec l’Association Fiacoise d’Initiatives Artistiques Contemporaines, l’artiste suisse prend le temps d’ouvrir son atelier. Elle y présente une sélection d’œuvres - photographies (son médium originel), installations, peintures ou sérigraphies - où la thématique explore des pistes inattendues, depuis l’image de l’extra-terrestre à la question du virus.
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Labellisée Centre d’art d’intérêt national, la Maison des Arts Georges et Claude Pompidou est une structure à double entité : un centre d’art à Cajarc et des résidences internationales d’artistes à Saint-Cirq-Lapopie. Sa directrice Martine Michard place la question du lien entre Art et Environnement au cœur du projet.
« Parce qu’il n’y a pas de pratique artistique sans artistes, la Maison des Arts combine les missions d’un centre d’art et d’une résidence d’artistes. Chaque été, les deux structures sont reliées par le Parcours d’art contemporain en vallée du Lot, conçu par les artistes pendant les résidences de printemps. A l’automne, les Maisons Daura accueillent plutôt de jeunes artistes en partenariat avec des structures internationales, cette année le Canada et le Maroc. La question du contexte dans lequel l’artiste travaille est au centre de nos réflexions. Nous nous inscrivons dans un environnement riche, du point de vue de l’histoire de l’art avec les grottes ornées, mais aussi du paysage, de son architecture, de l’agro-pastoralisme, des récits ancestraux, de ce que produit la terre… La relation au territoire est une ressource inépuisable. En 15 ans, nous n’avons jamais eu deux fois la même proposition ! Le territoire est ici pensé non pas dans sa dimension folklorique, ou patrimoniale, mais en tant que patrimoine du futur. Pour la Journée portes ouvertes, le public pourra rencontrer 4 jeunes artistes issus des 4 écoles d’art de la Région accueillis aux Maisons Daura pour une résidence de recherche de 6 semaines. »
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Dans l’ancien chai Saint-Raphaël reconverti en ateliers de création, l’artiste ouvre son espace de travail où sa pratique se nourrit directement de son expérience dans le secteur du bâtiment. La question du matériau, de son poids, de l’usure des formes, de l’usage des outils, de la manutention est au coeur de son travail de sculpteur. D’autres médiums se sont progressivement insinués dans sa pratique : photographie, vidéo, film d’animation. Travaux en cours et pièces plus anciennes sont à découvrir dans ce lieu étonnant.
Elle peint par aplats de couleurs franches des moments de la vie ordinaire, à partir de ohotographies le plus souvent. Mis en couleur, exposés, pourvus d’une force visuelle inédites, ces hommes et femmes absorbés dans leurs occupations quotidiennes deviennent soudain remarquables. Les toiles de Léa-Mérièm Saadane sont à voir au sein des espaces labyrinthiques de l’Atelier 20, dans un appartement du XIXe siècle, un lieu qui mérite lui-même à etre connu.
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Elsa Brès a exercé en tant qu’architecte avant d’intégrer le Studio national d’art contemporain du Fresnoy. Aujourd’hui, sa pratique artistique se situe entre art contemporain et cinéma, et relève aussi bien des galeries et des musées que des festivals de films.
"Mes projets ont en commun le thème du territoire. Le point de départ est un lieu je connais, souvent transformé par l’homme pour être exploité. J’effectue en amont un gros travail de recherche pour comprendre ces endroit, avant de trouver une narration. Pour autant mes films ne sont pas des films de recherche, plutôt des films atmosphériques. Mon dernier film "Sweat" que je viens de montrer au FID à Marseille a été tourné sur le delta du Mississippi en Louisiane, un endroit déformé par les infrastructures mais qui affiche aussi des signes de résistance. Inventer de nouveaux récits, montrer ce qui peut se recréer à ces endroits-là, voilà ce qui m’intéresse. Je suis installée dans les Cévennes depuis 2 ans. C’est d’ailleurs ici que se déroulera mon prochain film. Le lieu où je travaille se situe dans une vielle maison cévenole, au cœur d’un village. Je vais y montrer "Sweat" et des séries de sculptures. Comme j’aime moi-même entrer dans les lieux de création d’autres artistes, j’aime l’idée d’accueillir le public dans mon propre espace de travail, montrer les livres que je lis, discuter, et y proposer quelque chose qui ne soit pas une exposition."
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Convaincu du potentiel d’effervescence artistique des territoires excentrés, Loïc Marchand a choisi l’Ariège comme port d’attache. Co-fondateur de l’association la Biz’ART’Rit à Foix (une soixantaine d’artistes à ce jour), il y partage une vision de l’art ouverte, fondée sur l’échange entre artistes et la transmission, notamment en milieu scolaire. Il poursuit en parallèle une pratique personnelle autour du cinéma expérimental, du dessin, de la gravure qu’il propose au public de découvrir dans son propre atelier, à Saint-Paul de Jarrat.
Son œuvre se distingue par un travail de la couleur intuitif, qu’elle aborde à travers la peinture principalement, su papier, murs, sols, pierres, volumes, et plus récemment la vidéo. Au quotidien, elle pratique le dessin à partir de coupures de presse, variant ainsi sur les échelles du petit au très grand. Pour la première fois, elle ouvre son atelier dans son village des Corbières, où elle à également co-fondé La maison de l’Ormeau, un projet participatif qui contribue activement à la viralité culturelle du village.
Réalisé et publié par la revue Ramdam