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Pour la liberté d’expression, l’Occitanie fait résonner « Le rire de Cabu »

En accueillant l’exposition « Le rire de Cabu », la Région souhaite rendre hommage au dessinateur de presse, victime de l’attentat contre Charlie Hebdo. La rétrospective de ses œuvres sera inaugurée le 3 mai, à l’occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse.

De mai à juillet, la Région accueille l'exposition « Le rire de Cabu » au sein de l'Hôtel de Région de Toulouse et sur le parvis de l'Hôtel de Région de Montpellier
De mai à juillet, la Région accueille l’exposition « Le rire de Cabu » au sein de l’Hôtel de Région de Toulouse et sur le parvis de l’Hôtel de Région de Montpellier
Crédits : © AFP / Joel Saget - Dessins Cabu : © V. Cabut

Le 7 janvier 2015, douze personnes sont assassinées lors d’un attentat terroriste dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo. Parmi les victimes, le dessinateur de presse Jean Cabut, dit Cabu, connu pour ses dessins et caricatures parus dans des journaux satiriques et pour ses personnages emblématiques. La Région souhaite lui rendre un grand hommage populaire en accueillant au sein de l’Hôtel de Région de Toulouse [1] et sur le parvis de l’Hôtel de Région de Montpellier l’exposition «  Le rire de Cabu » [2], à partir du 3 mai, journée mondiale pour la liberté de la presse.

Accueillir cette exposition est pour moi une façon de redire haut et fort qu’il ne peut y avoir d’arrangement avec la liberté d’expression et qu’il ne doit y avoir aucune faiblesse face aux ennemis de la démocratie. Et quelle façon de le faire au son des éclats de rire de Cabu !

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie

Des caricatures de Cabu seront projetées sur les Hôtels de Région pour inciter le public à venir découvrir ses oeuvres.

Une exposition joyeuse et impertinente sur l’œuvre de Cabu

«  Le rire de Cabu » présente 400 dessins, dont de nombreux inédits. Tous démontrent que l’on peut rire de tout, surtout lorsque cela fait réfléchir ! Un adage qui a guidé le dessinateur tout au long de sa carrière. Pour Véronique Cabut, veuve du dessinateur, « Cabu aimait que le rire s’accompagne d’une réflexion, que le lecteur comprenne pourquoi il avait ri, et pourquoi le dessin l’avait bousculé dans ses opinions, conforté dans ses idéaux. »

Après une mise en situation du dessinateur qui accueille lui-même le public depuis sa table de travail, les visiteurs peuvent découvrir ses thèmes d’inspiration et s’essayer à la caricature.

Les personnages de Cabu

Pour Cabu, le beauf est l’archétype de l’homme qui assène des vérités, et ne réfléchit pas
Crédits : Le Canard enchaîné, 1984. Texte et dessin Cabu : © V. Cabut

Jean Cabut n’est âgé que de 12 ans lorsqu’il commence à imaginer des personnages en observant ses copains de classe. Il conçoit au cours de sa carrière le Grand Duduche, un grand lycéen rêveur et naïf, à l’image de Cabu qui reste accroché à ses idéaux de jeunesse. D’autres personnages emblématiques rejoindront sa galerie : le Beauf (terme qu’il popularisa dans le journal Charlie Hebdo dans les années 1970 pour désigner un Français moyen, inculte et borné), l’Adjudant Kronenbourg (inspiré des sous-officiers rencontrés lors de son incorporation militaire durant la Guerre d’Algérie), Catherine saute-au-paf, ou encore l’animatrice de télévision Dorothée

La France de Cabu

Durant toute sa carrière, Cabu a scruté et dévisagé la société française qu’il connaissait si bien. « Chaque jour, il lisait les journaux, écoutait la radio, allait en reportage et prenait des notes. Il disait que son boulot, c’était de trouver un angle, comme un journaliste », précise Véronique Cabut. La consommation, les jeunes, et les femmes faisaient partie de ses thématiques récurrentes.

Les présidents de Cabu

« Emmanuel Macron, l’hémisphère droit de Hollande… … qui prend toute la place ? »
Crédits : Le Canard enchaîné, 2014. Texte et dessin Cabu : © V. Cabut

Le dessinateur de presse va porter un regard plus incisif sur la politique à partir de 1968. Une dizaine de présidents vont ainsi passer sous son œil avisé, et seront publiés dans des journaux satiriques : De Gaulle, Mitterrand, Chirac, Macron… et même Coluche ! L’histoire de la Ve République est ainsi portée à la connaissance de tous par le biais de l’humour, une fois de plus, et nous fait réfléchir.

Les « people » de Cabu

De Johnny à Zemmour, Cabu aimait caricaturer les artistes. Et il ne lâchait pas ceux qui fanfaronnaient dans les médias et étaient en mal de projecteurs.

Le jazz de Cabu

En montant à Paris, Cabu se prend de passion pour le swing. Il découvre Charles Trenet à l’Olympia puis Cab Calloway, et prend vite l’habitude de dessiner les musiciens sur scène. Cabu consacrera même plusieurs ouvrages sur ce thème, et préfacera un livre sur les 60 ans du Caveau de la Huchette, un club de jazz parisien.

Les combats de Cabu

Duduche et son masque anti-pollution
Crédits : Projet de couverture pour Le Grand Duduche en vacances, 1974. Texte et dessin Cabu : © V. Cabut

Dessinateur pacifiste, Cabu a toujours cherché à provoquer et faire réfléchir à travers ses dessins, dans la bonne humeur. « Je m’insurgerai toujours contre l’injustice et la connerie ! » proclamait-il. Parmi ses sujets de prédilection : les pollueurs, les militaires, la société de consommation, et les intégristes de tout culte. Auteur de centaines de dessins antimilitaristes, Cabu a d’ailleurs été condamné plusieurs fois pour insultes à l’armée ou atteinte à son moral.

Le panthéon de Cabu

Cabu s’inspirait parfois pour ses dessins d’œuvres de peintres et dessinateurs de toutes époques, comme Picasso ou Rembrandt, mais c’est Albert Dubout qui eut une une grande influence sur lui, tout au long de sa vie. Ses amis sont également immortalisés dans cette section, ceux avec qui il a noué des amitiés très fortes : Goscinny (ils ont travaillé ensemble sur l’hebdomadaire de bande-dessinée Pilote), Gotlib, les dessinateurs du Canard enchaîné

La méthode à Cabu

La Méthode à Cabu : la colombe de la paix
Crédits : Texte et dessin Cabu : © V. Cabut

Cabu dessinait sans cesse, depuis qu’il était gamin, et avec le même enthousiasme. Dans les couloirs de rédaction, il travaillait à la plume, mais également avec son crayon à papier qui ne quittait jamais sa poche.
Pour lui, « si on savait écrire, on savait caricaturer », et il livrait des clés pour devenir un lecteur averti. Cette partie de l’exposition invite le public à s’essayer à la caricature, avec des fournitures laisées à disposition.

Bon à savoir

Un parcours spécifique est proposé pour les 7-12 ans, accompagné d’un livret-jeu. Les enseignants ont également un livret à leur disposition pour leur permettre de préparer la visite, et de la prolonger en classe.

Cabu, un journaliste-dessinateur engagé

Créateur de personnages emblématiques comme le Grand Duduche et le Beauf, Cabu est un dessinateur de presse engagé, qui a collaboré avec de nombreux journaux satiriques. Parmi eux, les hebdomadaires Paris Match, Hara-Kiri [3], et Charlie Hebdo, qu’il reprendra en 1992 avec succès avec Philippe Val. Autre domaine dans lequel Cabu exerce ses talents de caricaturiste, la télévision. Engagé dans les années 80 au sein de l’émission jeunesse Récré A2 , il fait partie de l’équipe de Dorothée et participe en direct à « Droit de Réponse » de Michel Polac sur TF1. Le 7 janvier 2015, Cabu meurt dans l’attentat terroriste contre la rédaction de Charlie Hebdo.

[1L’exposition est ouverte du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Des visites guidées tout public sont organisées le jeudi à 18h30, le samedi et le dimanche à 11h et 14h30.

[2France Bleu Occitanie, France Bleu Hérault, France 3 Occitanie, le magazine l’Art-vues, le service régional des transports collectifs liO, la SNCF, le journal l’Humanité, le groupe La Dépêche - Midi Libre, La Nouvelle République des Pyrénées, et Le Point sont partenaires de l’exposition «  Le rire de Cabu », installée dans les Hôtels de Région de Toulouse et de Montpellier

[3Le 17 novembre 1970, le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin prononce l’interdiction temporaire du journal Hara-Kiri suite à la fameuse une sur la mort du général de Gaulle : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Une semaine plus tard, le journal se relance sous le nom de Charlie Hebdo.