Les portraits

Francis Cabrel : « Les langues régionales n’ont rien de minoritaire »

Avec son dernier album « À l’aube revenant », Francis Cabrel nous offre des chansons poétiques comme à son habitude, des sentiments très intimes parfois. Le chanteur met aussi plus que jamais en avant ses racines occitanes et son amour pour la langue des troubadours.

Portrait Francis CABREL
Crédits : Gassian Claude

Question : Comment cet album qui fait la part belle à la culture occitane et tout particulièrement à l’âme des troubadours a-t-il vu le jour ?

Francis Cabrel : C’est Claude Sicre qui a véritablement été l’accélérateur du processus de création pour cet album en venant chez moi, les bras chargés de livres sur les troubadours. Puis j’ai été invité au festival l’Estivada de Rodez à la condition que j’écrive des chansons sur les troubadours et que je chante si possible en occitan ou avec des Occitans. C’est à ce moment-là qu’est née la première version de Rockstars du Moyen Âge. J’ai toujours défendu la région dans laquelle je suis né et vis mais chanter en occitan c’est un pas supplémentaire. Jean Bonnefon, un autre de mes amis, chanteur occitan, m’a beaucoup encouragé. Il a été mon coach. Il m’a aidé à placer les accents, à ne pas faire de faute pour que ce soit le plus juste possible.

J’ai toujours défendu la région dans laquelle je suis né et vis mais chanter en occitan c’est un pas supplémentaire

Question : « À l’aube revenant » vous a-t-il d’une certaine façon rapproché de vous-même, de votre tempérament ?

Francis Cabrel : Si je peux par mon engagement mettre un éclairage supplémentaire sur l’occitan, son apprentissage et tous les gens qui se battent pour que cette langue vive toujours, effectivement c’est plus proche de mon tempérament, ça me rapproche plus de moi-même, de mon goût pour la transmission. Les langues sont des marqueurs de notre histoire. Chacun d’entre nous est imprégné, parfois même sans le savoir, de la culture profonde du pays dans lequel il a grandi et de sa langue. C’est hyper important. Il ne faut surtout pas que cela disparaisse. Les langues dites régionales sont en réalité des langues à part entière. Elles n’ont rien de minoritaires. Ce sont des langues qu’il faut enseigner, apprendre. Il faut continuer à les faire vivre tout simplement.

Question : La conception du sentiment amoureux par les troubadours à travers l’amour courtois a été très inspirante pour vous ?

Francis Cabrel : J’ai écrit Ode à l’amour courtois en m’inspirant complètement de l’univers des troubadours qui ont introduit dans leurs chansons et dans leur description du sentiment quelque chose de courtois et de respectueux qu’on revendique fort aujourd’hui et qu’on réclame à juste titre dans l’ensemble des rapports humains et tout particulièrement dans les rapports hommes/femmes. Les troubadours ont introduit l’idée du consentement dans le rapport amoureux. C’était assez nouveau pour l’époque où la brutalité était très certainement plus de coutume que le respect envers l’autre. C’était très moderne.