Les portraits

Cali : « Mon coeur est d’ici »

Natif de Perpignan, le chanteur, fan de rugby, est actuellement en tournée, avec le soutien de la Région, à l’occasion de la sortie de son 7e album.

Crédits : Orhan Yann

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour votre dernier album, Les Choses défendues ?

Cali : Ma vie à un instant T, mon histoire et tout ce qui se passe autour. Dans la chanson À cet instant je pense à toi, au-delà de penser à ma chérie, j’ai pensé aux ouvriers licenciés de Goodyear, à cet homme de 62 ans qui a passé trente-six ans dans le couloir de la mort aux États-Unis avant d’être exécuté (Brandon Jones, le 3 février 2016, ndlr), à mon grand-père, ancien des brigades internationales, mort un an avant la chute du mur de Berlin.

Vous étiez en concert à Paris, au Bataclan le 13 mars. Qu’avez-vous ressenti ?

Cali  : Cela m’a bouleversé évidemment, ça m’a remué et j’ai eu envie de rendre un hommage à toutes ces victimes qui ne devaient pas mourir là-bas à 20 ans, à toutes les personnes qui ont vécu cette tragédie ainsi qu’à tous leurs proches. En même temps, il faut que ça reste un lieu festif.
Il ne faut pas que cette salle magnifique devienne un tombeau. Pour moi, c’était un devoir de jouer au Bataclan.

Vous revendiquez une position d’artiste concerné par les problèmes de la société…

Cali : Je me sens concerné parce qu’il se passe des choses en France et dans le monde, qui peuvent bouleverser la vie de nos enfants. En tant qu’artiste, j’ai un micro, j’ai la possibilité de m’exprimer. Je me vois mal ne pas donner mon avis. Alors, oui, il arrive que mes chansons parlent de sujets de société, comme Elle a mal qui raconte avec réalisme l’histoire d’une femme battue par son mari. Si on traite ce genre de sujet, il faut aller au bout des choses.

Il est toujours autant question des enfants dans vos textes. Pourquoi ?

Cali : On a tous des chagrins ou des blessures enfouis dans notre enfance. Et ça, je veux en parler. Je recherche aussi ce moment de l’enfance où on ne connaît ni la mort ni la souffrance ni le mensonge. En écrivant la chanson Seuls les enfants savent aimer, je me suis imaginé dans la peau d’un gamin qui regarde par sa fenêtre la neige tomber. Ça lui fait chaud au cœur, il n’a pas école et il va pouvoir aller jouer dehors. Rien d’autre ne lui importe que cette belle neige, blanche, immaculée, pas encore piétinée. C’est, pour moi, le symbole de la pureté.

Votre 5e album, paru en 2012, s’intitule Vernet-les-Bains. Pour quelles raisons ?

Cali  : J’ai appelé cet album Vernet-les-Bains parce que c’est là que j’ai grandi et que j’ai vécu jusqu’à l’âge de 25 ans. C’était l’album des premières fois et toutes mes premières fois, je les ai connues à Vernet, dans les Pyrénées-Orientales. Quand j’arrive et que je passe le panneau d’entrée du village, j’ai une odeur d’enfance qui me remonte dans le nez. Ça me fait un bien fou de revoir mes amis.

Vous habitez toujours dans les Pyrénées-Orientales ?

Cali  : Toujours. J’ai passé pas mal de temps à Paris, à New York, mais mon cœur restait ici. Aujourd’hui, j’habite non loin de Perpignan dans un coin où il y a très peu d’habitants. Ma fille va à l’école du village. Je l’accompagne à pied. En sortant de la maison, il y a tellement de balades à faire en montagne, et la mer est à côté. J’aime cette région, avec son identité forte. Et puis, c’est une terre qui respire le rugby…

Justement, le rugby a beaucoup compté dans votre vie…

Cali  : J’ai débuté à 6 ans à Vernet. Il n’y avait que ça comme sport, je n’avais pas vraiment le choix. J’ai joué à l’ouverture jusqu’à 23 ans, à Prades, à Millas et à l’Usap en junior. Pour moi, c’est l’école de la vie, une deuxième famille que l’on garde à jamais. Quand on retrouve ses anciens compagnons de jeu, c’est comme si on s’était vu la veille. Le rugby, c’est que du bonheur.